Camille Monceaux

Sayonara Ichiro et Hiina


13 ans et +
Romans

L'entretien par Noëmie Kormann

Librairie Le Failler (Rennes)

Si vous faites partie des accros à cette série épique où se mêlent habilement complot, trahison, amitié et quête de liberté, vous attendiez sûrement avec impatience le tome final des Chroniques de l’érable et du cerisier. Sinon, je ne peux que vous inviter à dévorer cette saga aussi captivante que brillante !

La Nuit du Tengu est le quatrième volet des Chroniques de l’érable et du cerisier mais c’est surtout le tome qui met un point final à une tétralogie commencée en 2020. Sans divulgâcher l’histoire, qu’est-ce qui attend les lectrices et lecteurs dans ce dernier opus ?

Camille Monceaux – Dans ce dernier tome, j'ai eu à cœur d'explorer, entre autres, la thématique de la lutte politique et de la justice. Ichirô et Hiina se retrouvent confrontés à des enjeux de taille : quelle est la différence entre justice et vengeance ? Comment lutter contre un régime autoritaire ? Par le sabre, les arts, la prise de parole, l'espionnage ? Je ne pense pas qu'il soit possible d'apporter de réponses toutes faites à ces questions mais une chose est certaine, elles tarauderont les personnages de la série tout au long de ce dernier volume.

 

Vos personnages évoluent dans le Japon du XVIIe siècle, une époque où le pays se referme sur lui-même. Était-ce une évidence de choisir cette période précise ?

C. M. Le début de l'ère d'Edo (1603-1868) est une période charnière dans l'histoire du Japon : après un siècle de guerres civiles, les Tokugawa pacifient le pays, un projet qui, bien que vertueux au premier coup d'œil, se fait au détriment des droits des femmes et se fonde sur un profond déterminisme social (qui naît paysan le sera toute sa vie, qui naît femme servira son mari, et ainsi de suite). Mais ce changement ne se fait pas du jour au lendemain et je trouvais intéressant d'étudier la façon dont, petit à petit, cette quête de pacification s'est menée aux détriments de certaines classes et minorités sociales.

 

Mystérieuse shinobi, petite-fille du Shogun, jeune servante muette, actrice de kabuki : vous faites la part belle à des personnages féminins forts, en quête de liberté. Était-ce important pour vous de leur donner la parole ?

C. M. Oui, très ! Lorsqu'on pense au Japon féodal depuis la France, deux figures sont souvent convoquées, celles du samouraï et de la geisha, avec tout ce que cela comporte d'exotisation. En ce qui concerne les femmes, en particulier, j'ai voulu montrer qu'il en existait bien plus que ce que l'imaginaire collectif le ferait croire, avec notamment la figure invisibilisée des onna bugeisha, les femmes guerrières, mais pas seulement. Il me semblait important de montrer la variété de destins, de trajectoires, de personnalités de femmes, même au sein de sociétés patriarcales.

 

Le personnage d’Ichiro va lui aussi à l’encontre d’un cliché de l’époque, celui du samouraï, guerrier sans faille ni émotions.

C. M. Cela me tenait aussi à cœur. De manière générale, l'admiration pour les figures guerrières se conjugue bien souvent avec une fascination pour les armes, le nationalisme, le virilisme... À l'heure où les fascismes ressurgissent partout en force dans le monde, il me semblait plus que jamais nécessaire de raconter l'histoire d'un jeune homme refusant le destin de violence auquel on aurait voulu l'assigner.

 

Descriptions précises et poétiques, immersion au cœur de la culture nipponne : le roman regorge de découvertes pour un lectorat français pas toujours au fait de cette période historique. D’où vous viennent ces connaissances et cette passion pour l’histoire et la culture japonaise ?

C. M. Je suis tombée amoureuse du Japon au lycée, d'abord avec les mangas, puis la littérature japonaise et la cérémonie du thé. Après mes études d'Histoire et de lettres, je suis partie y vivre et c'est là que l'idée des Chroniques est née. Pour clore cette folle aventure, j'ai eu la chance de revenir vivre au Japon, ce qui m'a permis de mener mes recherches sur place ! Même si j'ai pris certaines libertés avec la réalité historique, je tenais à planter un décor aussi fidèle et respectueux que possible.

 

À propos de la saga :

Au cœur du Japon du XVIIe siècle, deux adolescents aux destins liés partent en quête de leur identité. Ichiro, l’orphelin initié à la voie du sabre, et Hiina, la jeune fille recluse dont le visage est perpétuellement caché sous un masque, vont lutter au fil des tomes pour trouver leur liberté. Des ruelles d’Edo à l’île de Sado, des hauteurs d’Osaka à la cosmopolite Kagoshima, Camille Monceaux nous fait parcourir cet archipel dans une tétralogie pleine de surprises. Rigueur historique, plongée au cœur des traditions et de la culture japonaise, mais surtout galerie de personnages profonds et attachants : tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette saga un incontournable de la littérature ado !

Les dernières parutions du même genre