La parole aux enseignants

La lecture fluide

✒ Katell Carrer, Collège Jules Verne, Provins

Il existe de nombreuses manières de lire un texte ou un ouvrage en classe que ce soit en maternelleou même au lycée. Une chose est sûre : peu importe l’âge, les élèves aiment qu’on leur raconte des histoires et découvrir de nouveaux récits. Ainsi, que cette lecture soit faite par un adulte ou par des élèves, elle favorise l’écoute, facilite la compréhension et permet au lecteur d’adopter, au fil des années, et des expériences de lecture, une posture de lecteur habile. 

En maternelle, il est évident que la lecture vient de l’enseignant. La lecture offerte doit être un moment collectif d’écoute attentive d’un texte et offrir la possibilité de réactions et d’interactions au sujet de la lecture. Offerte, elle l’est aussi au sens symbolique : c’est un cadeau fait par le professeur à ses élèves. Ce cadeau, c’est la compréhension, mais aussi l’interprétation. Les enfants, dégagés de la contrainte du déchiffrage, sont pleinement disponibles pour ces processus. Cette pratique est donc très facilitante pour l’entrée de l’élève dans la lecture.

Pour ma part, au collège, je pratique ce que j’appelle la lecture fluide. Elle consiste à ne pas désigner de lecteur à l’avance. J’annonce simplement aux élèves que nous allons procéder à une lecture fluide : n’importe qui peut se lancer à tout moment, de son plein gré, et s’arrêter quand il le souhaite, même au milieu d’une phrase. Un autre reprend alors aussitôt, sans perdre le fil de la narration. 

J’ai adopté cette méthode dès mes débuts, il y a treize ans, car je trouvais fastidieux de désigner des lecteurs avant et au fil de la lecture. Souvent, certains oubliaient où ils devaient commencer ou s’arrêter - c’était tout sauf fluide - et les élèves désignés n’écoutaient pas vraiment leurs camarades, trop préoccupés à commencer au bon moment. J’étais souvent obligée de pallier les oublis et de relire le texte dans sa totalité.

Cette méthode m’a permis de laisser le libre choix aux enfants qui souhaitent lire, et, à ma grande surprise, ce sont souvent les plus timides qui se lancent. Autre avantage : pour pouvoir participer, il faut suivre la lecture, et les élèves le font volontiers, car l’expérience est nouvelle et stimulante. Laisser les enfants lire est plus facilitant, surtout pour les petits lecteurs car leurs camarades ont un rythme de lecture moins soutenu qu’un adulte. Cela permet aussi de corriger les erreurs de lecture et de travailler l’intonation.

Parfois, deux ou trois élèves commencent en même temps. Deux solutions sont alors envisageables. Soit l’un des élèves cède sa place à l’autre, on apprend alors la courtoisie, le respect de l’autre et le partage ; soit les élèves poursuivent ensemble, en lecture chorale, qui permet d’apprendre à écouter l’autre et à se fixer sur son rythme. Je vous avoue que cela peut tourner à la cacophonie si les élèves ne s'écoutent pas, mais, le plus souvent, ils font en sorte de lire en symbiose et donnent de la puissance au texte. Le résultat est stupéfiant. 

Évidemment, il existe de nombreuses autres manières de pratiquer la lecture en classe : lecture professorale, lecture autonome, lecture à voix haute seul ou en groupe, lecture chuchotée ou lecture « Père Castor » (je la nomme ainsi car on s’assoit tous au sol en cercle dans la classe). À vous de choisir celle qui s’adapte le mieux à la situation de classe et à vos habitudes. 

 

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