« Et si j’étais dys… ? »
Pour sensibiliser un large public (enfant et adulte) à la réalité des troubles dys et de l’attention, une équipe de chercheuses a conçu une mallette d’activités destinées à se mettre « dans la peau » de personnes présentant des troubles, en leur faisant vivre des situations du quotidien. Cette expérience réelle des difficultés rencontrées permet de favoriser les échanges autour des ressentis et de déconstruire les idées reçues.
Lire un texte avec une orthographe falsifiée pour se frotter au défi d’une lecture non automatisée, comme le font au quotidien les personnes dyslexiques ; essayer de boutonner une chemise avec des gants pour expérimenter les difficultés posées par le trouble développemental de la coordination (dyspraxie) ; ou découvrir à travers un test d’observation que notre attention peut être manipulée, et que les troubles de l’attention exacerbent des vulnérabilités présentes en chacun d’entre nous…
Préparez-vous à expérimenter de façon concrète et sensible l’éventail des difficultés engendrées par les cinq troubles du neurodéveloppement abordés dans cette mallette : les troubles développementaux de la coordination (dyspraxie) et du langage (dysphasie), les troubles spécifiques des apprentissages en lecture (dyslexie) et des apprentissages mathématiques (dyscalculie), et le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H).
La mallette a été conçue au laboratoire Dynamique du Langage (CNRS / Université Lyon 2) par une équipe pluridisciplinaire : Alice Roy et Véronique Boulenger (directrices de recherche CNRS), Agnès Witko (orthophoniste et enseignante-chercheuse à Lyon 1), Jennifer Krzonowski (ingénieure CNRS) et Agathe Marcastel (neuropsychologue).
Nous avons rencontré les conceptrices de la mallette, qui ont répondu à nos questions.
Est-ce que ces ateliers peuvent être utilisés en classe avec les élèves ? À partir de quel âge sont-ils accessibles ?
Équipe DDL – Les ateliers peuvent être proposés en classe, à condition de former des petits groupes pour pouvoir réaliser les activités dans de bonnes conditions (8 élèves maximum). Ils sont accessibles à partir du CM1, dans la mesure où les compétences de lecture et d’écriture sont bien automatisées. Pour les activités en lien avec les mathématiques, la personne qui anime l’atelier doit s’assurer que le niveau des élèves permet de réaliser les exercices proposés sans les mettre en échec.
Mais ces ateliers ne sont pas réservés aux enfants ! Ils peuvent également être organisés « en salle des profs », à destination des enseignants et des personnels d’éducation : ils sont particulièrement pertinents pour amorcer une réflexion sur les aménagements proposés aux élèves au sein de l’établissement.
Des compétences spécifiques sont-elles nécessaires pour animer ces ateliers ?
Équipe DDL – Aucune compétence particulière n’est requise. La mallette a justement été conçue pour être « clé en main » : chaque activité est accompagnée d’un livret explicatif détaillant le matériel, les consignes et les points de vigilance.
En revanche, un temps de préparation en amont est recommandé pour s’approprier les supports et choisir les activités les plus pertinentes en fonction des besoins et des attentes des participants.
Quels bénéfices peut-on attendre de la réalisation de ces ateliers en classe ou entre collègues ?
Équipe DDL – Ces ateliers offrent une expérience immersive : ils permettent de ressentir concrètement les difficultés vécues par les personnes concernées par un ou plusieurs de ces troubles. Les participants à l’atelier réalisent ainsi la complexité cachée de compétences qui nous paraissent simples ou automatiques, comme boutonner une chemise, écouter une histoire, lire un texte ou maintenir son attention malgré les distractions.
Pour les élèves « ordinaires », cette expérience va favoriser la solidarité et l’empathie envers leurs camarades « dys ». Pour ces derniers, c’est une forme de reconnaissance : celle des efforts énormes qu’ils déploient au quotidien pour compenser leurs difficultés, en dépit de la fatigue générée et des jugements négatifs reçus parfois sur leur travail ou leur comportement.
Cette prise de conscience est essentielle pour changer le regard porté sur ces élèves, comprendre la nécessité des adaptations pédagogiques, et valoriser leurs compétences autrement. Les enseignants pourront d’ailleurs s’appuyer sur ces expériences pour ajuster leurs pratiques et choisir les outils les plus adaptés à leurs élèves.
Enfin, ces ateliers ouvrent un espace de dialogue bienveillant : en rendant visibles des difficultés souvent invisibles, ils encouragent les échanges entre élèves ou entre collègues, et contribuent à déconstruire les idées reçues sur les troubles du neurodéveloppement.
Comment se procurer cette mallette ?
Équipe DDL – Une version téléchargeable de la mallette pédagogique (incluant le livret explicatif et l’ensemble du matériel) à imprimer chez soi ou sur son lieu professionnel, à destination des professionnel·le·s de l’enseignement et des proches notamment, est disponible à cette adresse.
Pour plus d’informations :
http://www.ddl.cnrs.fr/Com/Index.asp?Langue=FR&Page=Valorisation&Projet=56