Un petit peu malheureusement

Omer est un adolescent de 12 ans différent, surdoué et très sensible, aimé par ses parents. Il parle pour s’apaiser à un ficus en plastique posé sur sa table de nuit, il porte un casque pour empêcher l’éparpillement de ses cellules ou de sa matière grise... Avant de quitter l’internat pour la terminale, et après avoir entendu le pire du pire, il veut changer l’ordre des choses. La terre est en train de s’effondrer, ses valeurs et sa nature. Dégoûté par ses congénères, il préfère rassembler des indices pour sa Solution à l’Apocalypse, « plutôt que traverser un jour une crise de puberté, avoir des rapports conflictuels avec mes parents ». Chargé de rebooter le monde, il réfléchit à un programme de reconstruction post-apocalyptique, il revisite sa vie en cherchant à conserver le meilleur de ce qui l'entoure. Mais, l'internat est-il vraiment une école ? Claire Castillon, avec son style incisif et poétique, nous offre un roman introspectif qui explore avec finesse les méandres des émotions de cet enfant, pas vraiment enfant. « Mon père dit que je ne l’ai jamais été, mais je ne serai jamais un adulte et par chance encore moins un adolescent. » Fidèle à son univers souvent teinté d’une douce mélancolie, l’auteure nous entraîne dans une lecture à la fois bouleversante et pleine de sensibilité. Sa langue est à la fois simple et riche, ponctuée d’images saisissantes. Elle dépeint les émotions avec délicatesse, va droit au cœur des tourments de son personnage et invite à une certaine forme d’empathie. En somme, Un petit peu malheureusement est un texte poignant, enchanté par le pouvoir de la fiction. Claire Castillon confirme qu’elle est une voix essentielle de la littérature contemporaine française, une voix hypnotique qui emporte les ados autant que les adultes.