Le jour où le monde est devenu bizarre

Mais quelle histoire ! Aaskell voit très bien le reflet de ce petit garçon qui est lui. Il se sent comme dédoublé, même s’il n’a aucun contrôle sur les faits et gestes de son double. « Un garçon était allongé à ma place. Sur mon lit. » Son double va au collège, dîne avec ses parents mais personne ne semble s’apercevoir de rien. Quelle horreur ! Aaskell se rend néanmoins vite compte que Marcel, le chat, voit ce qui se passe. Ils élaborent ensemble une manière de parler et d’agir. Aaskell suit son double à la trace et s’aperçoit aussi que Leila, une fille du collège, a découvert l’incroyable rapt de son enveloppe charnelle. S’agirait-il d’extraterrestres ? Comment récupérer son corps ? Et, surtout, quand on découvre qu’un autre petit garçon se retrouve dans la même situation, comment éviter la prolifération des cas ? Avec l’aide de Marcel et de Leila, Aaskell va tout mettre en place pour que le monde redevienne normal, comme avant, quitte à vivre des aventures un peu foldingues ! On connaît Marie Pavlenko pour son incroyable talent à mélanger le rire et l’émotion. Dans ses romans pour adolescents comme Je suis ton soleil ou Un si petit oiseau, on oscillait sans cesse du rire aux larmes. Ici, on rit beaucoup mais l’émotion n’est jamais bien loin, notamment quand intervient la grande sœur d’Aaskell, Frida, en longue dépression et incapable de parler ou de quitter sa chambre. C’est une prouesse folle que de réussir à aborder la maladie mentale dans un roman plein de péripéties et d’humour. Ce texte incroyablement rythmé parle aussi d’amitié, de famille. Et ses dialogues sont irrésistibles. On adore l’ingénieux code secret permettant de communiquer avec les chats et le langage morse à la lampe de poche ! Dans ce roman drôle et intelligent, on fait la chasse aux imposteurs et on s’émeut des liens familiaux et amicaux.