La Voix de la meute, t.1

La littérature young adult s’est largement emparée de la figure du loup-garou jusqu’à l’édulcorer. On n’attendait donc pas plus Gaïa Guasti que Thierry Magnier dans ce genre confisqué par l’industrie mainstream. C’est en revenant aux sources du mythe et en ancrant délibérément son roman en France (l’Ardèche si chère à l’auteure), que Gaïa Guasti parvient paradoxalement à se démarquer alors qu’elle s’était jusqu’à présent surtout illustrée dans l’écriture de roman pour un plus jeune public. Les qualités du premier tome de La Voix de la meute sont nombreuses. Elles sont d’autant plus précieuses qu’elles s’expriment sur des codes particulièrement éculés : un triangle amoureux, une malédiction ancestrale et une course poursuite. Dans le cadre d’une nature sauvage, près d’un village isolé, nous suivons Mila, Ludovic et Tristan. Le jour des 15 ans de la jeune fille, ils sont tous les trois mordus par des loups traqués par des chasseurs. Ces amis de longue date vont découvrir peu à peu leur nouvelle nature et mettre à l’épreuve leurs relations adolescentes. Pourchassés par une énigmatique louve sanguinaire autour de laquelle l’intrigue se concentre, ils seront contraints de comprendre le sens de ce fardeau qui leur a été transmis… et à l’envisager comme un pouvoir. Gaïa Guasti donne un ancrage réaliste à cette histoire fantastique et passe d’un personnage à l’autre avec empathie, saisissant de manière très précise les signes du passage à l’âge adulte. Entre giclées d’adrénaline et émotions, les scènes de transformations sont remarquablement amenées. Touchant, rythmé, respectueux de son lectorat et ouvert à ceux plus habitués à des romans traditionnels, La Voix de la meute est une belle surprise dont on attend la suite (pour une fois) avec impatience et curiosité.