Rencontre avec Alexandra Villon de la librairie La Madeleine à Lyon.
Comment et pourquoi êtes-vous devenue libraire ?
Alexandra Villon Quand j’étais en fac de Lettres, il m’arrivait gentiment de sécher certains cours avec une amie pour aller refaire le monde aux terrasses des cafés. Là, on élaborait notre grand projet qui faisait frétiller nos méninges : ouvrir un jour notre librairie. Puis est venue la réalité avec la fin des études. J’ai bourlingué à droite à gauche, un peu dans la production audiovisuelle et le scénario, un peu dans une chèvrerie. Mais c’est en devenant libraire que j’ai trouvé la combinaison idéale que je cherchais : la tête et les jambes ! C’est un métier superbe, très complet. On ne s’ennuie JAMAIS.
Parlez-nous un peu de votre librairie et de votre équipe.
A. V. Juliet et moi avons ouvert notre librairie il y a un peu moins d’un an, le 27 avril 2019. On espère pouvoir fêter notre premier anniversaire de concert avec la fin de cette crise sanitaire qui nous fait rester chez nous. La MAD, comme l’appellent de nombreux lecteurs de notre quartier, c’est 55m² de bonheur et de chaleur, tout de bois vêtu, débordant de livres et de bonne humeur. Nous avons été très bien accueillies dans ce quartier très familial et dynamique et les lecteurs nous ont instantanément fait confiance.
Racontez-nous une anecdote amusante avec un client.
A. V. Un vieil homme est entré un jour dans la librairie à la recherche d’une de ces grosses encyclopédies Quid qu’il voulait ramener avec lui en Algérie pour une école. Par chance, nous avons un petit rayon occasion et il s’avère que j’avais justement récupéré une de ces encyclopédies un jour à la déchetterie. Nous lui en avons fait cadeau. Dix jours plus tard, nous avons reçu un énorme carton rempli de dattes fraîches en provenance directe d’Alger !
Quel est le premier livre de votre bibliothèque que vous allez rouvrir ?
A. V. Motorman de David Ohle. C’est un livre que je relis assez souvent, parce que son énigme est inépuisable. Il faut s’imaginer un tableau d’Escher transposé à la littérature, un univers qui fait songer à Brazil, à Blade Runner et 1984. Moldenke est un homme à qui on a greffé quatre cœurs, enfermé dans un monde où brillent deux soleils. C’est un texte inclassable sur la liberté, à la poésie fulgurante, où l’espace et le temps sont indéfinissables, qui crée à chaque nouvelle lecture des sensations puissantes. J’aimerais que tout le monde le lise !